Pan M 360 – Mai 2022
Par Réjean Beaucage
Sortie du Conservatoire de musique de Québec en 1992, la harpiste Caroline Lizotte nous offre ici un premier album solo. N’allez pas croire, toutefois, qu’elle a chômé durant tout ce temps! Harpe solo de l’Orchestre Symphonique de Trois-Rivières de 1995 à 2015, elle a joint l’OSM comme seconde harpe en 2003 et elle a également, depuis des années, une place importante dans l’enseignement de cet instrument d’un autre âge. Et puis, surtout, elle est une des compositrices pour la harpe les mieux reconnues chez nous, bien sûr, mais aussi partout ailleurs, et ses œuvres sont souvent utilisées comme pièces de concours.
Celles qu’elle a rassemblées ici ont pu être découvertes sur des disques du Duo Scorpio (Raga, op. 41, pour deux harpes), de Valérie Milot (La Madone, berceuse pour harpe solo) ou de Jennifer Swartz, sa collègue à l’OSM (Suite galactique, op. 39), entre autres. Elle connaît son instrument à fond et peut en sortir des sonorités inédites, mais elle n’hésite pas non plus à recourir à l’aide de l’électronique pour ajouter de la texture. Sa Stellar Sonata, op. 51, pour harpe électroacoustique, est à cet égard une réussite sur toute la ligne; et la compositrice y manipule l’électronique avec une grande dextérité. L’instrument acquiert une « profondeur de champ » étonnante et qui semble tout à fait naturelle, l’équilibre entre le son de l’instrument et sa contrepartie électronique étant dosé à la perfection.
C’est elle qui joue les deux parties dans Raga, avec quelques interjections percussives, mais il y a aussi des pièces pour harpe solo. Odyssée et La Madone nous montrent bien l’originalité de la compositrice et la virtuosité de l’interprète, mais c’est vraiment dans la Suite galactique qu’elle s’éclate dans les techniques de jeu étendues, s’accompagnant même en chantant. Un superbe recueil pour découvrir aussi bien la compositrice que son instrument, qui se révèle ici dans toute sa splendeur.